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Il s’était préparé à sortir, gardant sa bouteille vide dans sa main, tournant déjà presque les talons lorsqu’il vit une mains se lever pour le stopper dans son élan. C’est vrai, il avait réputation à être impulsif, suivre ses instincts bien trop vite, de ne pas réfléchir assez. Mais son instinct ne l’avait jamais trompé sur ses intentions, où sur ce qu’il pouvait bien se passer. Il avait toujours été là où le vent le menait. Et apparemment encore une fois, il ne s’était pas trompé.

Que l’aide vienne du gang ou de Tig directement, cela importait peu à la finalité, mais il comprit à quel point il devait l’estimer un minimum pour ainsi lui venir en aide personnellement. Et en le regardant dans les yeux, il comprit que l’idée qui venait d’émerger était particulièrement intéressante, pour qu’il s’assure que personne ne les écoute. Ou qu’il se mette à sourire ainsi. D’accord, il était toujours un flic, mais il sentait que ce point ne faisait pas peur à Tig. Peut être qu'il savait que le début de cette collaboration était finalement le point de départ de quelque chose qui lui serait particulièrement utile pour la suite.  Que ce soit pour son business ou pour lui. Peu importait. Il avait besoin d'aide, et il était prêt à accepter le moindre marché.

- Tout ce que tu voudras. Dis-moi tout.

Il ne savait pas si c'était nécessaire de lui faire tout son curriculum vitae, lui expliquer qu'il avait déjà infiltré bon nombre de gang dans le milieu pour des opérations de grandes ampleurs. Sans doute des ennemis à lui d'ailleurs, qui maintenant se retrouvait derrière les barreaux. Bref, il n'avait pas envie de s'étaler tant que ça sur le sujet, mais il avait une idée bien précise de ce qu'il souhaitait lui faire faire dans ce plan, il était clair qu'il accepterait tout.

Tig devait, même s'il était bras droit, avoir son propre clan. Des gens de proximités qui feraient n'importe quoi pour lui. Plus loyal envers lui, que le big bosse lui même. C'était toujours comme ça dans les clans mafieux. On devait tous obéissance au patron, mais il y avait toujours des éléments avec qui on passait plus de temps, et qui méritait bien plus votre loyauté. Dans la police, c'était pareil. Beaucoup d'agent ou brigadier était plus loyal envers des inspecteurs et détectives en chef plutôt qu'au Commissaire Principal. C'était comme ça. L'importait était que le chef garde la loyauté de ses bras droits. Sinon le système s'écrouleraient. Où il y aurait des mutineries.

Mais c'est vrai que maintenant qu'il y pensait, il se mettait en danger pour l'aider sans accord, alors que son big boss apprendrait qu'il veut nuire à son plus gros portefeuille. Ils prenaient tous des risques. Il fallait entre être assez conscient. Il faisait confiance à Tig pour savoir qu'ils étaient parfaitement calculé, et maitrisé avec lui. Sinon, il n'aurait sans doute pas son idée en tête.

La seule manière, de nuire à son paternel, c'était de le prendre la main dans le sac. Et pour cela, James devait forcément se salir les mains. Il en était conscient depuis le départ, et s'y était préparé. Même en allant voir Tig directement. Quelque soit son idée, il était préparé au pire.

Un secret bien gardé de son autorité publique, ça oui, mais lui connaissait parfaitement le personnage haut en couleur qu’il était dans le privé. Ce n’était non seulement parce qu’il était son fils caché, mais parce que sa mère lui avait déjà tout avoué sur ses débauche, juste avant qu’il ne décide de couper les ponts définitivement pour rentrer dans la police. Il savait bien, qu’un jour toute cette histoire pourrait lui retomber dessus, si ça venait à se savoir, il serait le seul à payer les pots cassés. Dans cette démarche de vengeance, il savait qu’il prenait aussi le risque de trahir cet autre secret. Mais la seule chose qui l’obsédait pour l’instant, c’était de faire tomber le bonhomme. Par tous les moyens possibles. Et pour ce faire il le savait, il devrait se salir les mains. Était il judicieux d’entraîner pour autant des mains déjà salis pour autant dans cette situation ? Ce n’était pas cette simple bouteille de bière qui pourrait lui faire passer ce mauvais moment. Pourtant, il eut une belle descente ce jour- là. Maintenant qu’il en était à ce stade, effectivement, plus besoin de faire de l’allèche à qui que ce soit. Mais ce n’était pas ce qu’il était venu faire.

L’ambiance pensante sembla monter d’un cran, ce n’était ni par les attitudes des larbins, ni par sa faute. Bien que la présence d’un flic n’était pas rassurante pour tous, ce n’était pas la perspective de se faire tirer dessus non plus qui inquiéta ce bon vieux Tig. La possibilité que la conversation ne soit rapportée par quelqu’un de son propre groupe paraissait être soudainement une réalité. Et si ce mec avait si peur, c’était que quelque chose de grave pouvait réellement se produire suite à cette discussion. Que ce soit dans le sens qu’il souhaitait ou non.

Lewis suivit le bras droit, se demandant curieusement s’il avait déjà fait confiance un jour à quelqu’un, où s’il était à ce point suspicieux de tous, à ainsi parler des choses sérieuses loin derrière toutes ces secondes mains. Il savait bien comment ce genre de gang fonctionnait, et il ne servait généralement à rien d’affoler les chiens avec des faux appâts, alors que ces derniers étaient à l’affût d’os sur lesquels il n’y avait déjà plus rien à ronger.

Sa bière à la main, il se stoppa en même temps que Tig sur la scène qui se déroula un brève instant sous leur yeux. Ce gamin n’avait sans doute pas plus de vingt ans, et il traînait déjà dans la dépravation. Le crime. L’alcool. Peut être la drogue. Le sexe. Il ne put s’empêcher de se voir à sa place. Une douzaine d’année en arrière. Il aurait tout fait à l’époque pour faire parti d’un groupe comme celui là, pour échapper à cette société de merde qui traite ces jeunes comme des moins que rien. Comme un pauvre type avec des rêves plein la tête, l’envie de révolutionner le monde, et montrer à tout ces vieux connards de quoi on est capable lorsqu’on a cette fougue comme moteur. Jusqu’à prendre ses premières claques, être écorché vif par cette vie de merde, ce groupe qui ne vous protégera jamais, cette situation qui ne fera qu’empirer, recherchant sans arrêt l’adrénaline et le plaisir pour oublier... jusqu’à mourir seul d’overdose et d’être relayé à simple déchet.

Ce ne sont que des gamins. Là était sa pensée, mais aucune parole ne sorti de sa bouche alors qu’ils filaient tous les deux. Et étrangement, cet incident eu des conséquences directes sur son comportement et sa façon de penser par la suite.

A quoi s’était il attendu en venant mettre les pieds ici ? Qu’avait-il espérait qu’on lui dise ? «oh mais bien sûr, ce mec est un connard tu nous doit une fière chandelle depuis la dernière fois, tout ce que tu veux mon prince.» Quel abruti. Il se maudissait seul en entendant Tig insinuer qu’ils ne pouvaient s’attaquer de front dans ces circonstances à quelqu’un d’aussi important. Et il n’avait pas tord : il saurait tôt ou tard que les informations qu’on lui avait donné venait d’eux.

Mais cela le conforta que c’était un connard pour tous le monde. Ce n’était pas l’attaquer qui l’embêtait, mais la manière de faire. Sa suggestion ne lui plaisait sans doute pas. Il savait qu’il avait raison, que ce mec s’adonnait à ces choses illégales et violentes.

Le secret était trop difficile à garder, il le savait maintenant, que Tig partagerait la vérité avec lui : qu’importe. Il pouvait bien en faire ce qu’il voulait à présent, même le faire chanter avec ça. Il n’avait qu’un seul objectif. Ses pensées n’arrêtaient pas de tourner en boucle dans sa tête. IL ne rebondit pas. Il avait comprit, il n’y avait rien à dire de plus.

- Si c’est impossible pour toi, alors je vais devoir le piéger moi-même.

Cela aurait été plus simple d’être une femme. Il était certain que même s’il avait été sa fille, cela aurait été plus facile de le faire tomber : jouer du charme pour l’avoir dans ses filets, il aurait été clairement plus sensible sur cette corde, et n’aurait sans doute pas hésité à lui faire les mêmes saloperies qu’avec ces filles. Il le savait. Il vida sa bière, le restant, d’une traite. Il était venu avec des espoirs, il repartirait avec la rage.

- Tu vas perdre un de tes plus gros client. Navré de te l’annoncer comme ça. Je suis prêt à dédommager si besoin.

Est ce qu’il était prêt à se battre pour obtenir ce qu’il voulait? Oui c’est vrai que dans la situation dans laquel il se trouvait actuellement le mettait un peu plus facilement hors de lui. Il n’aurait pas hésité à casser de trois côtés pour passer en force et aller voir Tig à l'intérieur, après tout il n’avait plus rien à perdre concernant cette histoire. Son paternel lui avait déjà assez ruiné sa vie et apparemment comptait s’acharner. Il fallait lui envoyer un avertissement assez fort. Lui faire comprendre qu’il était capable du pire. Et rapidement, pour mettre un terme à tout ceci. Il ne voulait plus avoir à faire à lui.

Il savait qu’il devrait bientôt mettre son poing dans la figure de ce lourdeau en face, mais heureusement pour ce bêta, Tig fit une entrée des plus fracassantes. Le bruit de son moteur ne l’avait pas tant attiré, dans le coin on n’entendait que cela : la surveillance était opérationnelle. C’est surtout comment le larbin regarda derrière son épaule d’un air inquiet qui le mit sur la touche. Lewis se retourna alors qu’il arrivait avec son gros cigare, alors qu’il l’écrasa pour le conserver. Et alors qu’il sourit à son adresse, il sut qu’il l’avait reconnu. Un poulet ça s’oublie sans doute pas.

Lewis jubila intérieurement et lança un sourire de défi à celui qui irait récurer les toilettes, venant ensuite suivre Tig à l’intérieur de bâtiment. Il était bien sûr venu armé, mais il vit rapidement que le bras droit du gagn avait pleinement confiance en lui pour ne pas s’en servir. Il ne le fouilla pas. Après tout, il n’avait rien à craindre de lui. Il n’était pas venu en ennemi.

Il s’approcha du comptoir alors qu’une bière lui fit offerte. Généreux. Il hocha la tête en simple remerciement, bien trop pressé de sauter sur la raison de sa visite. Il sourit légèrement a l’usage du « monseigneur ». Il ne se considérait pas au dessus, mais comme égal. Toujours. Il n’avait jamais renié d’où il venait.

— Je sais que ça peut paraître soudain … mais j’ai un problème personnel que j’aimerais que vous m’aidiez à régler. Y a un gros pactol à la clef bien sûr. Je paye cash même s’il faut. Je venu vous voir car vous êtes le seul gang en qui j’ai confiance. Vous êtes efficace. Et c’est pile dans votre domaine.

Il chercha dans la poche intérieure de sa veste une photo, avant de la sortir et la poser sur le comptoir. Alors qu’il prenait enfin la bouteille pour boire une gorgée. Sa voix était bien moins posée qu’à son habitude, on sentait que quelque chose me préoccupait, que ça me mettait en colère : que c’était personnel.

— Tu connais ce connard pervers ? J’ai cru comprendre que c’était un client régulier et qu’il faisait dans le très sale avec certaines de vos filles. J’ai besoin de preuves photos et vidéos de ses coups foireux. Un truc bien humiliant. De quoi le faire chanter.

Il ne disait bien sur aucune information pour être sûre, mais sur la photo on ne pouvait se tromper : il y avait beaucoup de traits similaires avec Lewis. L’homme était le canadien Frank Merrill économiste et banquier, ex gouverneur de la Bank of England et Bank of Canada. Quelqu’un de grande ponte, des hautes sphères économiques et financières. Mais qui effectivement, malgré sa vie publique d’homme marié était en secret un gros coureur et consommateur de prostitués en tout genre. Un secret particulièrement bien gardé.